Le talon de fer by London Jack

Le talon de fer by London Jack

Auteur:London, Jack [London, Jack]
La langue: fra
Format: epub, mobi
Tags: Roman
ISBN: 9782859408763
Éditeur: Phébus
Publié: 1908-01-20T05:00:00+00:00


13. – La grève générale

Ernest fut élu à la fin de 1912. C’était immanquable, par suite de l’énorme glissement vers le socialisme que venait de déterminer dans une large mesure la suppression de Hearst[78]. L’élimination de ce colosse aux pieds d’argile ne fut qu’un jeu d’enfant pour la ploutocratie. Hearst dépensait annuellement dix-huit millions de dollars pour soutenir ses nombreux journaux, mais cette somme lui était remboursée, et au-delà, sous forme d’annonces, par la classe moyenne. Toute sa force financière s’alimentait à cette source unique, les trusts n’ayant que faire de la réclame[79]. Pour démolir Hearst, il leur suffisait donc de lui enlever sa publicité.

La classe moyenne n’était pas encore totalement exterminée ; elle conservait un squelette massif mais inerte. Les petits industriels et hommes d’affaires qui s’obstinaient à survivre, dénués de pouvoir, dépourvus d’âme économique ou politique, étaient à la merci des ploutocrates. Dès que la haute finance leur en signifia l’ordre, ils retirèrent leur publicité à la presse de Hearst.

Celui-ci se débattit, vaillamment. Il fit paraître ses journaux à perte, comblant de sa poche un déficit mensuel d’un million et demi de dollars. Il continua à publier des annonces qui ne lui étaient plus payées. Alors, sur un nouveau mot d’ordre de la ploutocratie, sa mesquine clientèle le submergea d’avertissements lui enjoignant de cesser sa réclame gratuite. Hearst s’entêta. Des sommations lui furent signifiées, et comme il persistait dans son refus d’obéir, il fut puni de six mois de prison pour offense envers la Cour, en même temps qu’il était acculé à la banqueroute par un déluge d’actions en dommages et intérêts. Il n’avait aucune chance de s’en tirer. La haute banque l’avait condamné, et elle avait les tribunaux en mains pour faire exécuter la sentence. Avec lui s’écroula le Parti Démocrate qu’il avait si récemment capturé.

Cette double exécution ne laissait à ses adhérents que deux voies à suivre : l’une aboutissait au Parti Socialiste, l’autre au Parti Républicain. C’est ainsi que nous recueillîmes les fruits de la propagande soi-disant socialiste de Hearst ; car la grande majorité de ses fidèles vinrent grossir nos rangs.

L’expropriation des fermiers qui eut lieu à cette époque nous aurait procuré un autre renfort sérieux sans la brève et futile poussée du Parti des Granges. Ernest et les chefs socialistes firent des efforts désespérés pour se concilier les fermiers. Mais la destruction des journaux et maisons d’éditions socialistes constituait contre eux un atout formidable, et la propagande de bouche en bouche n’était pas encore suffisamment organisée. Il arriva donc que des politiciens du genre de M. Calvin, qui n’étaient eux-mêmes que des fermiers depuis longtemps expropriés, s’emparèrent des paysans et gaspillèrent leur force politique dans une campagne absolument vaine.

– Pauvres fermiers ! – s’écriait Ernest avec un rire sardonique. – Les trusts les tiennent à l’entrée et à la sortie.

Ce mot dépeignait bien la situation. Les sept consortiums, agissant de concert, avaient fusionné leurs énormes surplus et constitué un cartel des fermes. Les chemins de fer, qui gouvernaient les tarifs de transport, et



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